Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné Tardoire et Bandiat, entre octobre 2001 et août 2005, par Monsieur Sylvain Deschamps.
L’église Saint Vivien de Charras
Note de la Rédaction : Alors que nous attendions du chroniqueur son article mensuel, nous avons trouvé, sans doute à notre attention, quelques feuillets intitulés : « Conversation à bâtons rompus entre l’enfant Jésus de Prague et de l’église de Charras avec le chroniqueur, débordant de l’étude de l’église elle même pour aborder l’attitude de certaines personnes envers certaines églises, et la façon qu’elles ont de rendre compliqué ce qui est simple ».
Ayant réussi à joindre le chroniqueur, nous lui avons demandé si nous pouvions imprimer cet article tel-quel, brut de coffre. Il nous a donné son accord, disant qu’à l’occasion il aurait pu policer certains propos, mais que tout cela n’avait, comme d’habitude, que l’importance qu’on voulait bien lui donner.
Voici donc ce texte :
La scène se passe aux alentours du 26 Décembre, en pleine nuit de pleine lune (1), nuit très froide mais d’une luminosité extraordinaire. Nous nous retrouvons tout là haut , à la pointe du chemin de ronde de l’église de Charras. Aucun bruit, il fait vraiment très froid, mais l’on voit jusqu’à la vallée du Bandiat. Harmonie…
L’enfant Jésus de Prague s’est blotti à l’angle d’un mâchicoulis et regarde, rêveur, lorsque…
Le Petit Jésus : Mais que faîtes vous là, Monsieur le Chroniqueur ? Si je n’étais Jésus (même petit !) j’aurais eu peur ! Vous ici, et à cette heure ! Et avec ce pigeon sur l’épaule ! Expliquez vous !
Le Chroniqueur : Nécessité fait loi… Et je voulais me retrouver tranquille, dans cette église de Charras ; une de ces églises dont on se demande s’il est plus difficile de les trouver ouvertes que d’arriver à les faire ouvrir ! Ensuite je voulais m’y recueillir un peu, ce que je viens de faire avant de vous rejoindre ici, alors que ma « visite accompagnée » de cet après-midi m’avait laissé sur ma faim. Enfin permettez moi de vous présenter mon ami le pigeon Pierrot, auquel j’ai rendu quelques menus services et qui m’en rend également , ne serait ce qu’en chipant pour quelques temps les clefs des églises pour les ouvrir, ce qui me permet de ne plus dépendre de la bonne volonté de quelque officiel ou du petit personnel. C’est pour le remercier de ce talent particulier que j’ai appelé mon ami le Pigeon : Pierre ou Pierrot, le porteur de clefs.
Du reste, ne vous ayant plus rencontré depuis notre entrevue à Saint Projet, je pensais bien vous retrouver ici pour bavarder un peu, devant ce si beau paysage.
L’Enfant Jésus : Vous avez bien fait… et c’est vrai que je m’ennuie ferme dans cette église cadenassée...
Le Chroniqueur : Pour simplifier nous allons présenter à nos lecteurs l’aperçu historique et descriptif de l’église, tel que nous pouvons l’extraire des œuvres de Jean Georges et surtout du bulletin de l’Association « Charras d’hier et d’aujourd'hui » (Rédaction J.F. Gallet) que je remercie aujourd’hui et remercierai demain pour la qualité de son accueil et l’amicale tendresse qu’elle prodigue, elle, à son église.
Comme beaucoup d’églises du Doyenné, la plus grande partie de l’église de Charras, dédiée à Saint Vivien (fêté le 28 Août), peut être datée du milieu du XIIème siècle (la nef serait du Xème et l’abside du XIIème d’après l’Abbé Mondon).
Autrefois commune à la paroisse et à un prieuré dépendant de Figeac, elle mesure à l’intérieur 29,5 m de longueur (dont 23 pour la nef) et 5,60 m de largeur dans toutes ses parties.
Elle a été transformée plus tard aux XIVème et XVème siècles.
Au cours de la Guerre de Cent ans, les châteaux se raréfièrent, brûlés par les Anglais ou démantelés par le Roi, pour éviter qu’ils ne tombent aux mains de l’ennemi. Les églises devinrent des centres de résistance et le refuge de la population.
L’église de Charras, de par sa position sur un massif de collines dominant la Charente, entourée des forêts d’Horte et de la Rochebeaucourt , méritait une défense renforcée. Elle fut transformée en véritable bastion et en tant que tel, dût subir quelques assauts.
En effet, des sondages effectués sous le doublage en brique de la nef laissent entrevoir des parements éclatés, des pierres brûlées, rognées, cuites par le feu. Certains parements présentent un enduit ancien à la chaux grasse, ocré, badigeonné de lait de chaux blanche sur plusieurs couches.
En partie basse des murs, on remarque les traces noires d’un soubassement peint déjà lisible dans le chœur. Cet enduit pourrait correspondre à une campagne de restauration au XVIIème siècle, après un incendie survenu lors des Guerres de Religion.
L’église a été l’objet d’autres restaurations importantes de 1875 à 1880, et en 1898 (Cf. bulletin Charras d’hier et d’aujourd’hui N°1 de novembre 1990). Celles-ci ont profondément modifié son aspect intérieur, et l’ordonnancement actuel de la nef est une composition originale de 1875 qui ne respecte des dispositions médiévales que le rythme des travées définies par des piliers et contreforts.
Elle a été classée parmi les monuments historiques par arrêté du 21 Septembre 1907.
EXTERIEUR
C’est un édifice imposant par la hauteur des murs aveugles (surhaussés de plus de 4 mètres), conférant à l’église une silhouette altière.
Le portail du XIIème siècle est encadré de quatre rouleaux brisés, supportés par des pieds-droits. Il a été refait en partie sous l’administration de Jean Larue, syndic fabricien, de 1756 à 1769.
Les deux arcades qui l’accostent furent modifiées vraisemblablement lors des travaux de fortification de l’église. L’austérité de cette façade, de très bel appareil, n’est troublée par aucune ouverture.
En partie haute, court un chemin de ronde pourvu de mâchicoulis et percé de petites baies carrées. Deux logettes disposées aux angles permettent d’accéder au chemin de ronde surmontant les murs gouttereaux de la nef. Sur une partie de ces derniers, les parapets sont montés sur de petits arcs surbaissés, reçus par des consoles, comme on les voit en façade. Au nord, de larges pilastres reçoivent le chemin de ronde. Ces supports alternent avec les consoles.
La partie basse a été consolidée par des arcs de décharge. La souche et l’étage du clocher sont solidement encastrés dans les maçonneries remontées de la nef et de l’abside. Le clocher, tenant lieu de donjon, n’est pas doté de mâchicoulis. L’abside a été traitée comme le bastion d’une enceinte fortifiée.
Le chemin de ronde a les mêmes dispositions au sud. Moins restauré, il présente un caractère plus authentique. Le clocher a conservé ses dispositions romanes.
Les contreforts du clocher, à l’ouest, sont carrés, ceux qui sont appliqués à l’abside sont un peu moins importants et amortis en glacis.
Le haut du clocher a été abattu. Ses deux étages subsistent seulement au sud où trois arcades aveugles, surmontées d’élégantes baies à colonnettes, le décorent.
INTERIEUR IMPORTANT :
le texte suivant ne tient pas compte des derniers travaux de rénovation-restauration. Il faudrait revoir sur place.
L’église, disposée toute en longueur, est un édifice à nef unique. Elle a gardé son plan de l’époque romane, des contreforts ont été rajoutés aux XIVème et XVème. Une chapelle charpentée a été créée entre contreforts au XIXème siècle.
Des arcs doubleaux à deux rouleaux sur colonnes à dosserets divisent la nef en quatre travées inégales. La travée à l’entrée de la nef comporte aux naissances, des claveaux de pierre qui ont défini le profil de la voûte en brique. La voûte des autres travées, réalisée vraisemblablement entre 1875 et 1898, est située à la même hauteur.
Le faux carré est pris entre deux travées plus étroites. Il communique au sud avec la chapelle de la Vierge, reléguée aujourd’hui au rôle de sacristie.
Les habillages en brique des murs intérieurs enduits au plâtre ainsi que les voûtes badigeonnées et ornées de faux joints ocre rouge remontent également à cette campagne de restauration de la fin du siècle dernier.
Des sondages ont été pratiqués dans ces cloisons de doublage dont certaines parties, en raison de leur mauvaise stabilité, ont été déposées.
Le sol gothique auquel se rapporte le lavabo du chœur (XVème siècle ) est défini par la base du noyau de l’escalier d’accès au clocher.
Les sondages réalisés au droit des piliers ont révélé la présence d’un banc des pauvres et les vestiges d’un ancien dallage situé à -73 cm environ par rapport au dallage existant, lequel est posé sur une épaisse couche de mâchefer.
Sur ce sol surélevé donc à plus de 70 cm, de nouvelles bases ont été établies au XIXème siècle pour les demi-colonnes de pierre surmontées de chapiteaux à décor végétal sur lesquelles reposent les arcs doubleaux de la voûte en brique.
C’est le bandeau filant au niveau des tailloirs des chapiteaux des deux petites travées adjacentes au faux-carré qui a servi de référence, au XIXème siècle, pour la construction des voûtes en brique de la nef. Comme il ne correspond pas aux maçonneries anciennes, on pourrait envisager qu’il existait une voûte lancée plus haute à l’origine. Cependant, il n’en subsiste pas de trace visible dans le comble.
La nef a été rétrécie par des cloisons de doublage. Les sondages sur les murs gouttereaux montrent la présence de grandes arcades en plein cintre définissant latéralement les travées de la nef.
Au XIXème siècle, on enduit au plâtre avec décor de faux appareil les murs et les voûtes du reste de l’église dans l’esprit de la restauration des trois travées de la nef. Ce travail est effectué sans doublage préalable.
La voûte est en berceau brisé dans la nef, la voûte du faux-carré est une croisée d’ogives.
Le chœur est recouvert d’une voûte en berceau et se prolonge par une abside en cul de four, semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale au dehors. On y trouve une belle piscine (ou lavabo) du XVème siècle.
MOBILIER
Il est assez maigre, et très hétéroclite. Retenons la piscine ou lavabo, petite cuve destinée à recevoir l’eau qui a servi aux baptêmes ou à la purification des objets sacrés, située, nous l’avons vu, à droite du chœur, et qui remonte au XVème siècle.
Six vitraux en plus ou moins bon état éclairent la nef et le chœur. Ils datent du XIXème siècle.
Cinq toiles peintes au XIXème siècle viennent de faire l’objet d’une inscription sur l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés parmi les monuments historiques (25 Février 1994).
Trois d’entre elles, restaurées, et surtout surdorées, viennent de revenir dans l’église.
Joli chemin de croix peint sur métal, avec décor en bois ouvragé, érigé le 7 Février 1899.
Les statues, de style Saint Sulpicien, ne présentent pas d’originalité.
Les 14 chapiteaux surmontant les demi-colonnes sont du XIXème siècle et présentent un fin décor végétal qui diffère de l’un à l’autre.
De la voûte pendent trois lustres, différents mais de même style, en métal doré, ciselé, incrusté de verroterie, de plus en plus ouvragés et imposants au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’entrée pour s’avancer vers l’autel.
L’Enfant Jésus : Vous ne manifestez pas votre enthousiasme habituel...
Le Chroniqueur : Je l’avoue. Il faudra que je revienne dans de meilleures conditions, quand je ne serai plus en liberté surveillée. Je reconnais bien volontiers que les travaux nécessaires, et obligatoires, ont été faits par le propriétaire. Mais il y manque, pour le moins, le supplément d’âme. Je ressens comme un malaise, comme si le propriétaire n’aimait pas son église. D’ailleurs, à propos d’église, Charras est bien la première que je rencontre sans hôtesse d’accueil !
L’Enfant Jésus : Il y a longtemps que la dernière s’en est allée, parce qu’elle n’avait personne à accueillir. Depuis elle fait des piges, ici ou là, dans les églises « à gros débit ». Il y en a encore.
Le Chroniqueur : Et Saint Vivien, où il est Saint Vivien ? Aux abonnés absents.
L’Enfant Jésus : Je ne me souviens plus de sa dernière visite. C'est si loin… Vous lui aviez fait pourtant un « beau papier » dans une précédente chronique, sa naissance à Saintes, son incrustation dans la vie pastorale, sa lutte et ses succès contre Théodoric et les pirates saxons. Il semble avoir perdu de sa pugnacité...
Le Chroniqueur : Tout cela n’est pas très gai...
L’Enfant Jésus : Allons, allons, en religion aussi, le désespoir est une sottise absolue… Profitons du panorama, cela va vous réconforter. Nous sommes ici à l’extrémité sud d’un ensemble de 7 églises qui pendant longtemps ont souffert d’une fermeture aggravée. Et puis une série de 7 messes a su redonner du tonus aux habitants, croyants ou non croyants. Regardons donc, en cercle, tous ces clochers. Une église dont l’historique a été écrit et affiché, par le maire de la commune, une autre commune dont Madame la maîtresse maire ne cesse de mettre l’église en valeur sur les écrans petits et grands, une autre dont le maire réactive la ville (donc l’église) à la vitesse du TGV, une autre où la noblesse rejoint la République pour la gloire du monument, une autre dont le maire voudrait bien un fin clocher à son église pour qu’il se mire dans l’eau pure d’une rivière (du bandiat), une autre où l’éclectisme politique se réunifie dans l’entretien de son église…
Vous voyez, cela fait six sur sept… Cherchez l’erreur.
Le Chroniqueur : Doux Jésus, ou plutôt cher Petit Jésus, vous me comprenez, et vous me ravissez…
L’Enfant Jésus : Pour ne pas allonger votre texte, vous allez oublier de parler de moi… mais par contre…
Le Chroniqueur : Je vous promets de faire un bel article sur l’Enfant Jésus de Prague, dans ce journal, lorsque j’en aurai terminé avec les églises. Et maintenant rêvons un peu… Le propriétaire de l’église réalise qu’un aussi bel édifice c’est un don du ciel (eh oui !) On débarrasse et nettoie la place devant l’église et vous verrez que les deux grandes saignées de chaque côté de la porte deviendront des rides de gaieté, on installe la statue de l’Enfant Jésus à une place d’honneur, sa fraîcheur faisant le lien entre la rudesse romane et
le pompiérisme 19ème-21ème des tableaux, on apprend aux enfants des écoles ce qu’est l’architecture militaire religieuse en dégageant le chemin de ronde.
Pigeon Pierrot intervenant : C’est dommage, on est bien tranquille, là haut...
Le Chroniqueur reprenant : En clair on rajeunit et redonne vie et gaieté à l’église au lieu de la transformer en hangar glacial et privé.
L’Enfant Jésus : On peut rêver… J’attends votre article dans quelques mois. Rentrez chez vous maintenant, un peu apaisé ! Revenez me voir, quand ce sera possible, avec ou sans votre ami le Pigeon !
Le Chroniqueur : Oui… Quand ce sera possible mais ne soyez pas inquiet pour mon Pierrot Pigeon : il saura bien échapper aux serres du busard noir de la République !
Sylvain Deschamps.
(1) On peut regretter les interprétations du chroniqueur, on peut déplorer ses extrapolations, mais les faits historiques sont là : la pleine lune était à cette date (voir le journal Le Chasseur Français de Décembre 2004).
Nos coordonnées
Prieuré Marie Médiatrice
7, Faubourg Saint Maurice - 16220 Montbron
Tél. : 05 45 70 71 82
Prebytère de La Rochefoucauld
17, place Saint cybard - 16110 La Rochefoucauld
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Courriel : paroisse.saintaugustin@dio16.fr
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