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Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné entre octobre 2001 et août 2005 par Monsieur Sylvain Deschamps

L’ÉGLISE SAINT PIERRE DU LINDOIS

Ce mardi 4 Mai, jour de la Saint Sylvain, la rencontre a lieu au Lindois, devant le portail de l’ancienne église, à une heure assez matinale pour que ne soit pas perturbée la rencontre entre Saint Pierre et le chroniqueur.
L'église du Lindois Saint Pierre : Merci d’avoir répondu à mon appel, et d’être présent à l’entretien décidé par notre dernier CDC (Courrier Du Ciel).
Le Chroniqueur : J’ai cru comprendre…
Saint Pierre : Que je suis, et que je vais être très occupé. Il est temps que je rejoigne la maison mère, au Vatican. La saison touristique s’annonce chargée et ma présence indispensable. Je vous propose donc de faire d’une Pierre deux coups !
Le chroniqueur : C’est à dire ?
Saint Pierre : De visiter les deux dernières églises qui me sont consacrées dans le doyenné : Le Lindois et Eymouthiers.
Le Chroniqueur : En effet nous nous sommes déjà rencontrés quatre fois : à Rancogne qui a beaucoup de charme, à Lézignac-Durand qui a beaucoup d’allure, à Vilhonneur qui a beaucoup d’élégance, et à Feuillade qui a beaucoup de classe. J’apprécie d’autant plus votre initiative que, en étudiant l’histoire de nos deux églises, j’ai constaté de nombreux points communs entre elles.
Saint Pierre : Allons y donc, gaiement !
Le Chroniqueur : L’histoire de l’église du Lindois commence ici. Nous verrons tout à l’heure l’église actuelle. C’est une longue et parfois dramatique histoire que celle de la religion dans cette paroisse , dont l’histoire a été longtemps unie à celle de ses seigneurs.
Fervents adhérents au Protestantisme, les membres de la famille de la Rocheposay, baron du Lindois vont répandre la terreur autour des Étangs (Massignac) et mener la vie dure au curé du Lindois.
D’après une mention marginale des registres paroissiaux, « l’église serait plus ancienne que le château, le cimetière se trouvait dans le petit ravin que les seigneurs du Lindois s’approprièrent et donnèrent celui qui est à présent (1860) près du grand jardin allant de chez Tandeau ou en montant sur la Graule. Il paraît encore dans la muraille de l’église une porte basse du côté de ce petit jardin dans le bas du mur du côté de l’Évangile par où sans doute on passait les corps pour les ensevelir dans ce cimetière joignant l’église ».
Nous sommes alors en 1860… depuis ce temps là l’église a été démolie. Mais remontons toujours le temps en reprenant les notes de l’Abbé Arnaud qui a eu l’excellente idée de mettre par écrit ce qu’il entendu dire sur l’histoire de notre paroisse.


interieur de l'église du Lindois « Le Lindois était dit-on une commanderie donnée par le Roi à M de Gourville ou peut-être à ces messieurs de Chateignier. On dit que M Dauxon fut nommé curé du Lindois par Mgr l’évêque de Limoges sur les représentations à lui faite que les prêtres que tenaient ces messieurs du château ne disaient la messe que quelquefois tous les quinze jours à peu près et que M Dauxon s’étant présenté de la part de l’évêque pour prendre possession de l’église en qualité de curé, ces messieurs lui auraient refusé l’entrée de l’église, et que s’étant retiré dans le village de chez Tandeau, il aurait été contraint avec la permission de l’évêque de dire la messe dans le cimetière sur un autel de pierre ou plutôt sur une table qui y paraît encore ».
En 1667, à quelques toises de ce village, un dénommé de la Brousse met à la disposition des pasteurs protestants sa grange de la Sudrie qui est à l’origine de la communauté des Réformés du Lindois. (Archives Nationales TT231)
Au XVIIIème siècle même si la famille Châteignier s’est convertie au Catholicisme, la population du Lindois semble garder un esprit rebelle contre ses prêtres. Le 11 Mai 1790 est inhumé dans la chapelle du Lindois Messire François Joseph Chasteignier de la Rochepozay, ancien officier du régiment d’Artois, époux de dame Esther de Rocquart, âgé d’environ 46 ans. Il sera le dernier seigneur du Lindois à rejoindre ses pères dans la sépulture des seigneurs du Lindois.
Sous la Révolution, Suzanne de Chasteignier sa fille, écrit une lettre dans laquelle elle réclame aux administrateurs du district de la Rochefoucauld la restitution d’au moins une partie de ses biens dont le château. Sa requête aurait pu aboutir, mais étant tombée entre les mains d’un agent de Grosdesvaux, futur agent national qui voulait acheter ce château, cette lettre restera dans un fond de tiroir. A la suite d’un simulacre d’enchères, et avec l’accord de la municipalité du Lindois, des anciens fermiers du château, les terres furent divisées et Grosdesvaux se retrouve propriétaire du château pour une bouchée de pain le 7 thermidor an 2.
Durant tout le XIXème siècle la population du Lindois souhaitera agrandir son église. Elle fera une démarche auprès de Grosdesvaux pour qu’il cède à la commune l’ancienne chapelle des seigneurs du Lindois. Ce dernier, peu sensible aux sentiments religieux, voir même franchement hostile répondra à cette requête en faisant démolir la chapelle et disperser les pierres tombales.
Un des vitraux de l'église du Lindois En 1881 Léonard Brun entrepreneur s’engage à reprendre la base de l’église, la toiture et à reconstruire une nouvelle chapelle, mais ce projet ne semble pas avoir eut de suite.
Après les fêtes de Noël 1922, le clocher s’écroule, emportant dans sa chute une partie de la voûte. Le conseil municipal de l’époque au lieu de faire remonter tout simplement le clocher, décide de faire une nouvelle église en utilisant les matériaux de l’ancienne sur un terrain offert par M Chambon boulanger et conseiller municipal. (AD16 O916)
On ne conserva de l’ancienne église qu’un tableau, les vitraux du sanctuaire et « le porche ainsi que les sculptures au dessus ne devront pas être démolies ». Laissons donc, hélas, ce très beau porche. Regrettons que l’on ait pas reconstruit ici le bâtiment, et allons voir cette église « moderne » qui fut consacrée le 12 octobre 1924 par l’abbé Preneuf, curé de Montembœuf.
L’Église hôtesse , les accueillant : Je suis très honorée de votre visite et d’autant plus heureuse que d’habitude, les rares visiteurs ne « poussent » même pas jusqu’ici…
Le Chroniqueur : Voilà donc une très agréable petite église, toute propre, toute claire avec ses vitraux modernes sans prétention mais non sans valeur, ses trois autels (pourquoi trois ?) et son air sage et bien élevé. En fait avec son rectangle parfait et son plafond plat, on l’imaginerait plutôt encastrée dans un ensemble de bâtiments. Qu’en pensez vous « Beau Saint Pierre, vous qui tenez le grand livre et la clef » ?(1)
Saint Pierre : Je pense que voilà une église bien fraîche…J’aimerais que beaucoup d’églises « modernes » lui ressemblent et je souhaite que beaucoup de promeneurs, en dehors des fidèles, fassent un détour pour une visite…
L’Église hôtesse, rougissante : Je vous remercie, Mr le Chroniqueur et me voilà fort honorée cher Saint Pierre. J’ajoute que je reste votre servante…
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Sylvain Deschamps.

1) extrait du « Curé de Cucugnan » dans les Lettres de Mon Moulin, d’Alphonse Daudet.


Carte de la paroisse Saint Augustin en Tardoire et Bandiat

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