Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné Tardoire et Bandiat, entre octobre 2001 et août 2005, par Monsieur Sylvain Deschamps.

L’église Saint Paul de Chazelles

Aucun texte ne date sa construction ni ses nombreuses restaurations. Les parties anciennes de l'édifice remontent au dernier tiers du XIIe siècle. Elle a été restaurée au XVIIe siècle et classée monument historique par arrêté du 25 mars 1977.

Historique de la paroisse

En 1789, la paroisse de St Paul comprenait les hameaux des Landes, des Darnats, des Nougeroux, des Charbonnières, de Chez Poirier et de La Tuilerie. Elle comptait environ 180 habitants. Ce nombre a ensuite augmenté, allant jusqu’à 232 habitants lors du dernier recensement de 1831.
A la date du 22 frimaire de l’an XII (14 décembre 1803), M. Dussaigne, maire de St Paul, demanda à l’évêque l’autorisation de faire appel à un citoyen de la commune de Rancogne, un dénommé Lafond, pour célébrer les messes des fêtes de Noël. Le curé de Chazelles, desservant provisoire de St Paul, n’était pas en mesure d’assurer se surcroît de services. Lafond avait, paraît-il déjà exercé son ministère à la plus grande satisfaction des paroissiens.
Le 18 nivôse de l’an XII (9 janvier 1804), M. Dussaigne adressa à l’évêque l’état des enfants qui n’ont pas encore fait leur première communion : 90 enfants allant jusqu’à 22 ans (sans compter ceux des hameaux des Chaillats, du Mas de Bos, des Barbiers et du Luget, dont les habitants souhaitaient être réunis à St Paul). Le curé constitutionnel de Chazelles ne faisait apparaître que 10 enfants de St Paul à envoyer au catéchisme.
En janvier 1807, M. Dussaigne demande à l’évêque que la paroisse qui s’est imposée de 500 F pour le traitement du curé ne soit pas réunie à une autre, qu’elle reste succursale avec « son église bien décorée avec tous les ornements nécessaires à la pratique du culte ».
Les municipalités successives veillent à l’entretien de l’église et du cimetière.
En 1812, Saint Paul est rattachée à Chazelles « pour le spirituel ».
En 1831, M. le maire Doussinet règle 8,80 F au cordier de La Rochefoucauld pour la fourniture d’une corde et 3 F pour le remplacement du baudrier de la cloche. Le 8 mai 1819, le maire met à contribution 17 bouviers pour transporter 33 barriques de sable nécessaires pour crépir le mur du cimetière.
En mars 1840, la couverture de l’église est envisagée, ainsi que l’achat d’un calice et d’une croix pour conduire les morts au cimetière. Puis, au mois de mai, sont livrés un autel d’une valeur de 155 F, un tableau et un calice en étain.
Le cimetière de St Paul, malgré le rattachement de son église à Chazelles, reste à la charge de sa commune. Les habitants selon leur vœu continueront d’être inhumés dans le plus grand respect des cendres de leurs ancêtres.

Quelques détails d'architecture

La nef ne comporte pas de voûte et la charpente nous dévoile ses dessous. Dans le pavement de la nef ont remarque des signes qui pourraient signifié que certaines pierres sont des dalles funéraires, portant la représentation des instruments de travail des défunts (une hypothèse possible).
Une chapelle côté nord communique avec la nef par deux larges arcades. Sous le clocher un faux carré supporte une coupole sur trompes. Les départs reposent sur des cordons horizontaux, appuyés sur les grands arcs voisins, qui conservent leurs faces verticales.
Dans l’abside terminée par un cul-de-four, on trouve des traces de peinture recouverte de badigeon.
La façade est enrourée de deux contreforts s’élevant jusqu’aux extrémités. Une porte simple est percée en son centre.
Le clocher rectangulaire a quelques points communs avec celui l'église de Saint-Martin de Chazelles. En plus de la forme générale, ils possedent tous deux un premier étage avec arcatures, reposant sur un cordon mouluré. Sur un autre cordon, se dresse un deuxième étage, qui contient seulement une ouverture rectangulaire. Au dessus à chaque angle et au centre de chaque côté un petit pilier supporte un toit à quatre pans.

Rattachement de la commune de St Paul à Chazelles

La procédure de réunion de la commune de Saint Paul, trop peu peuplés, à celle de Chazelles est fixée par l’arrêté préfectoral du 6 juillet 1843.
Une enquête publique est ouverte, et dans chacune des communes, les conseils municipaux délibèrent.
A St Paul, « la population ne voudrait pas perdre le bénéfice des sacrifices consentis pour l’entretien de l’église et du cimetière ». De plus, les habitants désirent « mêler leurs cendres avec celles de leur anciens ». Ils préfèrent se faire inhumer dans leur terrain « plutôt que dans le cimetière de Chazelles attendu que le chef-lieu est inondé par les eaux qui débordent presque pendant 3 mois de l’année et que l’on ne peut y aborder, alors que la commune de St Paul est dans un pays sain ».
L’ordonnance royale du 17 septembre 1845 signée par Louis Philippe au château d’Eu prononce la réunion des deux communes en une seule dont le chef-lieu est fixé à Chazelles.
Le dernier enterrement effectué à St Paul fut en 1965.

Légende

Devant la porte principale de l’église, le seigneur de Pranzac et le seigneur de St Paul se serait battus en duel pour une femme. L’un des deux y aurait trouvée la mort, et depuis, cette porte n’aurait plus jamais été réouverte.

Anecdote de la Cloche

La cloche ayant été prise à la Révolution, les habitants trouvèrent moyen de s’en approprier une quand passa, dit-on, une charrette chargée de cloches se rendant à La Rochefoucauld. Elle porte en caractères gothiques l’inscription suivante :
POUR NOSTRE DAME DE GROBOS L’AN MIL Ve L ET II.

Sources :
- registres des délibérations des conseils municipaux de Saint Paul et Chazelles de 1803 à 1870.
- Recueil des actes administratifs de la préfecture de la Charente 1844 et 1845.
- Délibérations du conseil général de la Charente 1844 et 1845.
(Tiré des Etudes locales)