Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné Tardoire et Bandiat, entre octobre 2001 et août 2005, par Monsieur Sylvain Deschamps.
L’église Saint Martin de Chazelles
Ce Jeudi 11 Novembre 2004. Le temps ne correspond guère à l’été de la Saint Martin. Bien avant l’arrivée des Officiels pour les cérémonies militaires. le chroniqueura rendez-vous avec Saint Martin, un de ces Saints de Légende, honoré quatre fois dans le Doyenné.
Le Saint est déjà là, assis
Le Chroniqueur : Cher Saint Martin, je ne pense pas être en retard ?
Saint Martin : Pas du tout.
Le Chroniqueur : Cher Saint Martin, nous avons convenu de traiter aujourd’hui les deux églises de Mouzon et de Chazelles
Saint Martin : Age quod agis, (Fais ce que tu fais).
Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas (je le veux, je l’ordonne, que ma volonté tienne lieu de raison).
Le Chroniqueur : Voici donc l’officielle vérité, extraite du Grand Livre de la vie des Saints :
« Aspirant dès son enfance au service de Dieu, mais enrôlé de force dans l’armée de l’empereur, il y montra, dès avant son baptême, son ardeur à mettre en pratique les préceptes de l’Évangile. Témoignant sans relâche pour la vraie foi, il supporta avec constance, avant d’obtenir son congé, l’épreuve à laquelle le soumit le prince païen Julien et ensuite les mauvais traitements que lui infligèrent les hérétiques. Fidèle à la profession monastique qu’un des tout premiers en Occident il avait embrassée, il assuma cependant dans toute sa plénitude la charge épiscopale que la Providence, contre son gré, lui dévolut : car cet ascète , tourné par vocation vers la vie contemplative, déploya, en vrai soldat du Christ, l’activité militante d’un apôtre. D’une humilité extrême dans ses rapports avec tous ses frères, il jouit de la puissance d’un thaumaturge, renouvelant à plusieurs reprises les miracles du Christ. Cumulant tous les prestiges de la sainteté, d’une charité sans limite envers les déshérités, Martin admonesta les grands de ce monde avec la sévère autorité d’un prophète inspiré.
C’est pourquoi, confesseur mort en pleine paix de l’Eglise, il fut immédiatement vénéré à l’égal d’un martyr. Sa vie demeura un modèle pour les chrétiens épris de perfection, et des saints en grand nombre s’efforcèrent par la suite de l’imiter; mais son intercession fut requise de tous, même des pécheurs les plus endurcis, des souverains cherchant à obtenir sa protection sur leur royaume jusqu’aux petites gens sollicitant le secours d’un patron compatissant à leurs humbles misères. Aussi ce Pannonien d’origine, qui s’était illustré principalement en Gaule, devint-il le saint français par excellence, tout en étant l’objet d’un culte dans toutes les parties de la chrétienté occidentale.
Saint Martin : Felix qui potuit rerum cognoscere causas !
Le Chroniqueur : Je ne vous le fais pas dire ! Mais, pour aller plus avant, et en délaissant le style laudatif, on peut dire que vous êtes sacrément universel parce que parfaitement contradictoire.
- Vous avez voulu faire dans l’Ascétisme, et, quand on pense à l’été de la Saint Martin, on pense à l’opulence, à la redondance, vigne, poires et fruits d’automne gorgés de sucre, de vin nouveau et de cholestérol à venir. Alors… Ascétisme… Je réserve mon opinion !
- Vous avez voulu faire dans le discret… C’est plutôt relatif… Des Martin, il y en a partout dans l’annuaire ! Sans compter les ours et même les ânes… Dans « La Traversée de Paris » de Claude Autant Lara, comment s’appelle t’il, le Français moyen, celui qui porte les valises (celles des autres)… Martin ! Il serait , si possible, plutôt bon vivant qu’ascète… et des Martin, on en trouve partout.
- Vous avez voulu faire dans l’incognito, et c’est « encore raté ». Quelle est l’imagninerie christiano-populaire la plus connue, sinon celle de Saint Martin et de son manteau ? Et combien de milliers d’adolescents, partant du Lycée d’Angoulême ont rencontré leur premier tableau de pierre en débouchant sur la Cathédrale et en découvrant, devant leur nez à gauche, en regardant sans même y penser, cette fameuse scène qui fut (peut être) leur premier émoi artistique ?
Je vais me permettre une dernière citation. Ainsi se vérifie pour toute la chrétienté occidentale l’adage forgé dès le VIème siècle par le poète Fortunat : « Où le Christ est connu, Martin est honoré ». Avec votre permission, on passe à autre chose
Saint Martin : Maintenant, mon cher chroniqueur, c’est moi qui vais vous parler de l’église de Chazelles. Je craindrais, de votre part, un certain manque de sérénité…
Le Chroniqueur : Si vous le dîtes… mais je vous retourne votre « Age quod agis ».
Saint Martin : D’abord, et il ne m’en voudra pas, on va oublier, à regret, mon petit camarade Saint Paul et son adorable église (ancienne église paroissiale). Mais je sais que dans ce journal vous ne traitez que les églises « en activité », et je suis sur que vous lui réserverez une place de choix et de cœur quand vous parlerez du « cercle des églises oubliées, disparues, méconnues… » Pour ce qui est de « mon » église, elle remonte au début du XIIème siècle et, elle aussi, a souvent été réparée. Je me débarrasse de la partie historique en citant ici le livre de Jean George : « L’église de Chazelles, unie au chapitre cathédral au XIIIème siècle, existait dès le début du XIIème; un chapiteau lui ayant appartenu et déposé au musée archéologique annonce au moins cette date. Elle a été souvent réparée : l’abside, probablement semi-circulaire, transformée ensuite en chevet plat, a été allongée, en sa forme première, en 1854; en 1882, la nef a été recouverte de voûtes en briques.
Cette nef est sans fenêtres ni contreforts; trois arcades aveugles, sur pilastres, renforcent les murs. Les croisillons sont voûtés d’un berceau brisé, porté par un doubleau encastré sur le mur de fond que perce une fenêtre; à l’Est, une absidiole en cul-de-four avec baie dans l’axe, ouvre sur le bras nord; sur le bras sud, c’est une chapelle carrée, sous berceaux brisés, où l’on voit une piscine au cintre trilobé; l’entrée de l’escalier à vis se trouve à l’ouest même du croisillon. Sur le carré s’élève une belle coupole sur pendentifs, dont les grands arcs brisés, à double rouleau, s’appuient sur les massifs angulaires, pourvus, sur chaque face, d’une colonne. Le chevet carré primitif, qui forme chœur, est séparé par un arc de la nouvelle abside à trois baies qui le prolonge.
Sur la façade, on remarque deux contreforts près des angles, une porte à deux voussures en boudin, avec cordon, une fenêtre au-dessus, surmontée d’un pignon. Sur les faces latérales, signalons l’absence de corniche, la cage d’escalier dans l’angle sud-ouest et deux gros contreforts à la naissance du chœur. La coupole est surmontée d’un gracieux clocher carré, orné au premier étage, d’une arcature en plein cintre sur pilastres, séparées par un cordon mouluré du second étage, où ouvrent deux arcs brisés et encadrés, renfermant deux baies sur colonnettes. Des impostes soulignent les sommiers; les angles du clocher sont amortis en boudin. Celui-ci et le transept sont du début du XIIIème siècle. »
Maintenant, pour une approche subjective, disons que l’église de Chazelles correspond, pour sa ville, à ce que l’église de La Rochefoucauld représente pour les Pichottiers. Elle est un peu fiérote ! L’église, comme la ville ! Cette ville est au « cœur de la pierre » comme l’a si bien dit un de ses enfants d’adoption. Mais après la dernière guerre, elle a su en profiter (honnêtement). Disons que la Pierre a anobli les habitants de Chazelles, comme La Cité Ducale avait anobli la bourgeoisie de La Rochefoucauld. Et puis, il y a eu des hauts et des bas. Mais quand on est dans le bas, on n’oublie pas les habitudes des périodes hautes et on se berce un peu d’illusions… Et surtout, on oublie que pour une telle « ville » on a une église qui est restée dix sept ans sans curé régulier !
Il faut essentiellement remonter aux années cinquante. A l’époque, Chazelles est une petite ville industrielle et industrieuse. Comme aurait dit Brel, c’était du temps ou Chazelles… chazellait ! Jeunesse dorée et fêtes champêtres, réceptions, et le Bandiat ronronne sous les guirlandes… Tout cela est bel et bon. Mais, au service de l’église, il a fallu des prêtres de fort calibre, assistés de « pieux laïcs » de fort tonneau. Ils s’appelaient, Payot, Fougères, Esso, et je ne parle pas des survivants qui continuent le combat ! Ils ont tout refait… Les voûtes couvertes de plâtre, le dallage, rehaussé de plus d’un mètre et sous lequel reposent encore nombre de chazellois, les cloches (venues de Villedieu, signe de qualité). Ils ont du accepter des bêtises : le beffroi en bois remplacé par la ferraille. Ils se sont adaptés a Vatican II avec un nouvel et bel autel en belle pierre (c’est le moindre…) Ils ont introduits de chaleureux vitraux modernes au transept et au chœur.
Et puis, et puis, cette église, pour la secouer un peu, il faut lui rappeler à quel point elle touche à l’Essentiel. Peut être ne s’en rend-elle pas vraiment compte ! Et pourtant, il y a tout, chez vous, ma chère église !
- La Pierre : elle est partout, évidemment… mais regardez la qualité de votre dallage.
- Le Fer : avez-vous remarqué que les montants de tout le mobilier métallique de l’église correspond à autant d’outils (terme noble) utilisés pour le travail de la Pierre.
- Le Verre : la formidable densité de lumière des petits vitraux modernes
-La peinture : avec une grande touche de fantaisie ; on pourrait sans doute mieux mettre en valeur ce grand bijou qu'est le tableau, d'après Rembrant : Le Retour de l'Enfant prodigue où quatre peintres inspirés ont pris le quart l'un après l'autre pour le reconstituer. 'Bonjour à vous : Monique Gadon, Gicquel, Gauthier et Paroissien !)
-l'oeuvre d'art : le sublime Christ en noyer, avec ces formidables reflets veloutés du bois. Il est dertains que les évolutions de Vatican II (un coup je te vois, un coup je ne te vois pas...) nuisent à son emplacement. Il devrait être plus au fond, au croisement des feux solaires de l'aube et du crépuscule, mais cela est un autre problème !...
Du reste, comme vous pouvez facilement passer derrière l'autel, allez-y ! Tournez autour du Christ et regardez à ses pieds l'ensemble de marqueterie dédié au symbole de notre église (le sacré coeur, les épis de blé, etc...) avec des bois locaux (buis, frêne, noyer, acacia etc...)
Alors caressez le bois. Personne hélas ne vous regarde, et puis revenez devant l'autel, bien au milieu, regardant la sortie (oubliez l'entourage de la porte) et rêvez à une belle place bien aménagée, où se tiendraient tous ceux qui ne pourraient pas entrer dans l'église... On peut rêver... et du reste à propos de public... un de ces prochains dimanches, on pourrait rappeler aux petit nombre de paroissiens qu'il aillennt à la fête du livre, et à ceux, nombreux, de la fête du livre, qu'ils ne quittent pas Chazelles sans visiter l'église ?
Et là où je suis Monsieur le chroniqueur, qu'est-ce qu'on trouve à mes pieds ? Un cabochon de pierre, sur lequel j'ai marché. Il vient de Ligugé ! Cela vous dit quelque chose Ligugé ?
le chroniqueur : oh ! Oui ! Mais dites moi, cher saint ? N'aurais-je pas déteint sur vous ... Quel lyrisme, quels accents !!
Saint Martin : se reprenant et souriant : Je me suis laissé entraîner. On ne se mefie jamais assez de vilaines bêtes comme vous ! Ah ! les pieux laïcs...
le chroniqueur : Eh oui ! C'est encore une fois une approche à la Brassens ; voulez vous encore quelques vers ?
Saint Martin : qui disparaît à l'horizon...
Rien du tout je ne veux plus rien entendre. D'ailleurs je suis dèjà parti !
Et on entend dans le lointain : Je vous aime bien quand même !
Sylvain Deschamps
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