Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné Tardoire et Bandiat, entre octobre 2001 et août 2005, par Monsieur Sylvain Deschamps.
L’église Saint Jean-Baptiste de Grassac
La scène se passe devant l’église, par un clair petit matin d’automne, sous l’arbre qui fait face au monument aux morts, et sur le banc où se trouvent réunis Saint Jean Baptiste et le chroniqueur. Il n’y a presque personne (comme souvent) ; et on peut mêmedire qu’il n’y a personne (comme parfois). Seul, derrière eux, un gros chien noir aboie (comme toujours) ; il faut dire qu’il attend l’arrivée de Saint Roch !..
Saint Jean Baptiste : Et de trois !
Le Chroniqueur :Eh oui, c’est la troisième fois que j’ai le plaisir et l’honneur de vous rencontrer. Une fois c’était à Malleyrand, où je me demandais ce que vous aviez à faire avec l’histoire des Templiers...
Saint Jean Baptiste : Et je ne vous en dirai pas plus que cette fois ci…
Le Chroniqueur : (résigné...) et l’autre fois c’était à Sauvagnac, où nous étions aussi tranquilles qu’ici. Mais je me permettrai une question. Je dois reprendre contact avec votre ami Saint Vivien, pour l’étude prochaine de l’église de Charras. Je suis surpris qu’alors que nous nous étions rencontrés à Yvrac, tout près de Malleyrand, il représentait une église paisible et vous une église quasi militaire, je vais le retrouver tout près d’ici, saint patron d’une église guerrière (car même si les fortifications de l’église ont une vocation défensive, cela a la valeur de la grenade défensive, bien plus dangereuse que l’offensive) alors que vous patronnez Grassac, église paisible dont les contreforts n’ont d’importance qu’architecturale. Y aurait il confusion des genres ?
Saint Jean Baptiste : Mais non, encore une fois ! Cher Chroniqueur, mettez vous dans la tête, une fois pour toutes, que l’attribution d’une église à un Saint Patron relève bien souvent de la fantaisie pure et simple. Et quand ce n’est pas le cas, cela correspond, par contre, à des raisons beaucoup trop sérieuses pour être dévoilées au grand public.
Le Chroniqueur : J’ai compris. Circulez ; … Il n’y a rien à voir !
Saint Jean Baptiste : Ne vous vexez pas !..
Le Chroniqueur : Alors, parlons donc un peu de vous !
Saint Jean Baptiste : Un peu, pas trop. Ce n’est même plus une question de modestie, c’est une question de répétition. Alors, s’il vous plait, faites bref !...
Le Chroniqueur : Je crois, pour résumer, que vous assurez ce rôle extrêmement important de relais entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et de charnière entre l’Avant et l’Après. Lorsqu’on regarde de près la manière dont Luc relate l’annonce et la naissance de Jean et de Jésus, son intention apparaît clairement : le premier est le « prophète du Très-Haut », il vient ouvrir la voie au second qui est, lui, le « Fils du Très-Haut ». Dans ses rapports avec les Esséniens, on peut vous situer à l’intérieur des nombreux groupes baptistes qui proposaient, en ce début du 1er siècle, une voie religieuse originale par rapport au judaïsme centré sur le temple de Jérusalem, les rites et les sacrifices. C’était une sorte de « réveil religieux » qui correspondait à l’attente populaire d’un changement, d’un « salut ». Et lorsque tout cela se résuma par la suite on arrive à la phrase souvent citée du Précurseur : « Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue ». (Jean,III,30.) Ajoutons à tout cela, et avec le plus grand respect qui vous est dû, tout un côté mise en scène de la fin de votre vie : on connaît la scène célèbre et macabre, souvent représentée, de la décollation de Jean Baptiste. Au cours d’un festin, séduit par la danse de Salomé, fille d’Hériodade, Hérode lui promit de lui accorder ce qu’elle voudrait et la jeune fille, à l’instigation de sa mère, lui répondit : Donne moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste. Le roi, atterré, fit décapiter le prophète. « Sa tête fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l’apporta à sa mère ». Les disciples de Jean vinrent prendre le cadavre et l’ensevelirent ; puis ils allèrent informer Jésus. Hérode, plus tard, croira que Jésus n’est autre que Jean Baptiste, ressuscité. Et, pour une dernière touche, insistons sur votre culte populaire, rallumé tous les ans aux feux… de la Saint Jean !
Maintenant, nous allons parler de l’église qui nous réunit aujourd’hui, et je vais me faire un plaisir, et un devoir, de publier ici, in extenso, l’affichette rédigée par les soins de Monsieur Le Maire et que l’on trouve à l’entrée de l’église. Attention au public à souligner d’autant plus qu’elle est plus exceptionnelle.
Après quoi, nous essaierons d’y attacher une petite touche plus personnelle.
EGLISE SAINT JEAN BAPTISTE
L’église de GRASSAC, placée sous le vocable de Saint Jean Baptiste, remonterait à l’extrême fin du XI ème siècle.
La paroisse de GRASSAC figure parmi celles rattachées à la mense épiscopale par la bulle du XVIII des calendes de mai 1110 de Pascal II. En 1097, Adémar, évêque d’ANGOULÊME, l’avait donnée à l’abbaye de BOURGUEIL (Indre et Loire) qui la rattacha à son prieuré de Beaulieu d’ANGOULÊME.
Elle fut le siège d’un archiprêtré, vers le XIIIème siècle, dont dépendaient les communes environnantes.
A l’origine, c’était un édifice simple à nef unique voûtée en berceau. Le clocher avec un bel étage bas orné d’arcatures repose sur un faux carré et la coupole à huit pans est soutenue par des trompes. Il précède une abside voûtée en cul de four avec une large baie remaniée.
L’église fut agrandie au XVIème siècle au nord par une nef latérale qui a dû être voûtée d’ogives à la suite de dommages causés vers 1570. Son autel était dédié à Notre-Dame. Cette construction nous a laissé deux élégantes fenêtres gothiques. Le mur sud de l’église a conservé la presque totalité de ses dispositions romanes d’origine. Cinq colonnes appuyées au mur décorent l’intérieur de la nef. A l’extérieur de ce mur, une pierre sculptée de rosaces en réemploi semble être un débris de sarcophage du XIIème siècle et on remarque aussi l’emplacement d’une porte qui donnait sur le cimetière.
La façade a été plusieurs fois remaniée. Le porche fin du XVème siècle, en partie mutilé, vient d’être restauré. La construction du presbytère, vers 1700, avait caché la partie nord-ouest. Les travaux de restauration ont permis de dégager toute la façade.
A l’intérieur de l’église, on trouve :
- une tête sculptée sur un pilier rond qui pourrait être le portrait du maître d’œuvre de la nef latérale.
- une chaire façon noyer avec abat-son.
- une cuve en pierre, fond baptismal, qui semble d’époque romane.
- un tableau moderne de DESCHAMPS représentant Sainte Marguerite de Cortone en extase, offerte par un membre de la famille BARBIER-POUPARTvers 1940.
Autrefois, il y avait deux cloches, une grosse fondue vers 1620 et une petite fondue en 1726. Une seule de ces deux cloches existait en 1858 lorsqu’elle a dû être refondue, d’où la cloche actuelle qui pèse 900 kgs et qui fut bénite le 2 Avril 1858 par Mgr COUSSEAU, évêque d’ANGOULÊME.
Saint Jean Baptiste - légèrement ironique : et maintenant, qu’allez vous ajouter ?
Le Chroniqueur - légèrement emprunté : c’est à dire...
Voilà ! Je me décide ! Mais je vais avoir grand besoin de votre indulgence ! Parce que, comme me le reprochait Saint Martin il y a peu, je vais, encore une fois, manquer de mysticisme.
Se retournant vers l’église : En fait, je vous vois sous le signe de la gourmandise. Comprenez moi, et ne m’en voulez pas ! Depuis que j’ai su que vous avez appartenu à l’Abbaye de Bourgueil, c’est à l’abbaye vigneronne que je pense, sur son coteau, et à son vin si frais, vin “breton” cher à Rabelais... Depuis que j’ai su que c’est le pape Clément VII qui détacha votre paroisse pour la donner à l’abbaye de Saint Ausone d’Angoulême, je pense, et c’est grave, au Pape Clément, vin de Graves ! Je ne veux pas savoir si le Pape fut bon, mais je sais que le vin est grandiose... Quand je lis qu’ici, il y a peu, “quelques beaux vignobles y produisent du vin d’excellente qualité”... Je n’y tiens plus et je continue. Je sais bien que la belle et basse porte d’entrée, encadrée de ses deux fausses portes ne sont pas en tuffeau du Val de Loire, mais elles ressemblent à des portes de caves de vigneron ! Et, comme par hasard, quant on ouvre la porte, on descend... dans l’église, pas dans la Cave !
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J’ai connu, en pays religieux, de ces églises désaffectées, au Mexique, et même en Italie, transformées en bodegas ou trattorias. Si une telle malchance devait s’abattre sur notre Doyenné, autant que ce soit ici ! Sous les grandes voûtes, à gauche, derrière les 3 colonnes, on y mettrait le vin décliné en 3 couleurs, rouge, rosé, blanc... Un amoncellement de barriques, de tonneaux, de muids et de demi-muids... et sur la droite un bel ensemble de tables et bancs rustiques, de chandelles, tout cela joliment éclairé à giorno par les 3 petits vitraux lancettes, que j’aime appeler des vitraux fleurettes.
La magnifique charpente à l’ancienne, qui couvrirait aussi bien d’anciennes halles, protégeraient cette noble assemblée.
J’y tiens ! Pas de paillardise outrancière, pas de gens de (Gras) sac et de corde !
Rien que des gens de bonne tenue, amateurs de pain et de vin, et d’un petit quelquechose en plus ! Le terrain, avec son puits, bien aménagé, de l’autre côté de l’église, pourrait devenir un jardin de Curé ; les fidèles (fidèles clients) entreraient par l’entrée principale et la Sacristie-cuisine assurerait le relais entre la Cuisine du Ciel et les Enfants du Bon Dieu.
Mais voilà que je m’égare, mon Révérend. Garrigou me pousse à rejoindre Dom Ballaguère. C’est peut être dû à cette période de Fêtes.
Je vous en demande bien pardon ; mais j’avoue m’être laissé un peu aller, en cette fin d’année.
Alors, sans rancune ?...
L’église : - toujours un peu choquée : Vous y allez un peu fort, mais, à la réflexion, peut être que... Du reste, cet éclairage, le long des murs, n’a rien de religieux.
Saint Jean Baptiste - plus sérieux : Je vous rappelle tous à vos devoirs. Et pour vous, Monsieur Le Chroniqueur, je vais prévenir Saint Vivien, pour qu’il ne se laisse pas faire, là bas, à Charrras.
Le Chroniqueur : - avec un petit sourire : Eh oui ! Ce sont des gens sérieux, là-bas !...
- avec un grand sourire : Mais j’ai mon ami dans la place !
Saint Jean Baptiste : Votre ami ?
Le Chroniqueur : Eh oui ! Le petit Jésus de Prague !...
Sylvain Deschamps.
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