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Toutes les présentations des églises ont été écrites pour le journal du Doyenné Tardoire et Bandiat, entre octobre 2001 et août 2005, par Monsieur Sylvain Deschamps.


L’église Saint Maurice de Mainzac

Introduction : Saint Maurice : Vingt ans après, comme disait votre ami Dumas ! ou plutôt vingt églises plus tard, au parcours des paroisses quel plaisir de vous revoir ! Le Chroniqueur : Eh oui ! J’ai commencé par votre église de Montbron le tour des églises du Doyenné. Reste un peu moins de la moitié... Mais, et je m’en réjouis, je vous trouve en pleine forme, bronzé comme au temps de la légion thébéenne !... (1)
Saint Maurice : Eh oui ! Je reviens de l’Île qui porte mon nom, et qu’on appelait autrefois l’Île de France... J’y suis invité tous les ans, le 7 Octobre, à la date anniversaire (1800) de la victoire de Robert Surcouf (2) sur le navire anglais le Kent (Capitaine Rivingstone) dans l’Océan Indien, suivie par l’entrée triomphale des vaisseaux à Port Maurice, où l’on célèbre toujours l’événement. Les Français avaient traité les Anglais avec beaucoup de rudesse, et les Dames anglaises avec beaucoup de délicatesse... Mais nous nous égarons...
Le Chroniqueur : D’autant plus qu’il y a un « great number » d’Anglais dans la paroisse. Ne restons donc pas plus longtemps hors sujet et parlons de vous, Chère Église.

Chevet de l'église de Mainzac L’Église : Puisqu’on y est... Traitez moi donc comme une dame anglaise ! avec beaucoup de délicatesse.
Le Chroniqueur : C’est bien. Et pour qu’on ne me reproche pas de vous chouchouter par trop, je parlerai de vous à la troisième personne.
C’est une église qui n’a pas d’âge. Elle est hors du temps. Du reste, elle a toujours été là... Peut être même avant la venue de Jésus. Mais si, cela arrive... Pensez à Chartres, les Celtes, la statue païenne qui deviendra Vierge Noire. Et puis, à voir toutes ses cicatrices, c’est une église qui a beaucoup vécu. Mais elle a bien survécu ! Bien sur, telle que nous la voyons, et en dehors de la crypte dont nous reparlerons, elle date essentiellement du XIème siècle, ce qui la rend un peu plus âgée que la plupart des églises du Doyenné.
En faisant le tour, on trouve la façade, retapée plusieurs fois jusqu’au siècle dernier. Elle est épaulée par un contrefort simple au nord, arrêté sous le cordon du 1er étage et par un triple, au coin sud, montant beaucoup plus haut, jusque sous le pignon. Deux arcades aveugles reposent sur le bandeau simple et lourd du premier étage de la façade. Relativement mutilées, elles demeurent encore bien visibles. Leurs embrasures ainsi que le cordon qui les entoure sont ornées de pointes de diamant. Comme les deux baies aveugles qui l’encadrent, la petite fenêtre qui les sépare est elle aussi romane, elle aussi surmontée d’un cordon semi circulaire, mais coiffée d’un arc en mitre, avec la même décoration en pointe de diamant.
On tourne par la face nord, très sobre mais aux modillons très parlant.
On salue la sacristie, toute mignonnette, fleurie à chaque marche genre studio-maisonnette ; c’est rare qu’il faille monter un (petit) étage à l’extérieur pour pénétrer dans l’église.
« L’abside, dont les murs ont été refaits à la partie supérieure, est épaulée par quatre contrefort-colones sur dosserets. Du clocher carré, au dessus de la coupole, il ne subsiste que les deux premiers étages de la face Nord, limités par trois bandeaux. Le premier étage porte deux larges arcades aveugles sur pilastres, le second est percé de deux baies assez espacées, accostées de colonnettes dont les taillons se prolongent sur la face ; ces axes sont pleins cintres. Un troisième étage a été monté postérieurement, percé d’une longue ouverture sans linteau, et portant une flèche en charpente assez élevée. »

Façade de l'eglise de Mainzac On revient par le côté Sud. Le passage est étroit, très ombreux. Par dessus le mur voisin, un figuier épanoui nous offre ses fruits, discrètement. C’est amusant qu’un arbre venant des pays chauds, des pays de la chrétienté vienne ici chercher un micro climat. Entrons maintenant.
Dès l’entrée, on trouve à gauche, et avant l’électricité (très réussie), sur une sorte de moderne lutrin ( !) un « press-book » très détaillé racontant, avec force illustrations, l’histoire de l’église avant, pendant, et après les derniers travaux de restauration. C’est un ouvrage très réussi, (rendant presque inutile cet article !), et qu’on aimerait trouver dans les autres églises. Mais ici, il résume bien l’attachement que les municipalités ont porté à leur église-patrimoine, et le soin qu’elles apportent à son entretien.
L’Église, intervenant avec un petit sourire : Oui ! on peut dire que c’est la bonne entente qui domine ici !
Intérieur de l'église de Mainzac Le Chroniqueur : Dont acte ! Nous sommes donc dans l’église maintenant. Description technique, tirée du press-book :
« La nef, couverte d’un plafond en bois, courbe sur les cotés, a des murs gouttereaux différents. Celui du Nord, en partie du XIème siècle, sans fenêtre est renforcé à l’intérieur par une arcature aveugle sur piédroits, la base du clocher et trois contreforts à l’extérieur. Le mur Sud, reporté de 0,90 m hors de l’axe, n’en a que deux, avec trois fenêtres, et il est nu à l’intérieur. Un mur, percé d’une baie en axe brisé, sépare la nef du faux carré sur lequel est monté une coupole trapézoïdale aux angles arrondis. Le grand axe Ouest a un tracé brisé très accentué, ceux de l’Est et du Nord sont à peu près en plein cintre ; il n’en existe pas au Sud. L’abside semi-circulaire est voûtée en cul-de-four et éclairée par trois baies. »
Maintenant : une présentation plus subjective. C’est une église fraîche. Un enfant dirait : c’est une église qui sent bon le « sent-bon ». C’est lavé, balayé, mais pas seulement... c’est plus chaud que cela, car c’est fleuri et cela sent bon la cire et l’encaustique. Aux derniers rayons de soleil de l’automne on a envie d’y rester, dans cette église, de s’y lover. Il y fait bon aussi parce qu’on est entouré de tableaux. Retournez vous vers la façade. Cinq tableaux, dont deux sur bois, agrémentent le vieux mur. A gauche et à droite, les 14 tableaux du chemin de croix témoignent de la foi et de l’amour des peintres concernés. Et puis, un beau trio de statues, autour et au dessus de l’autel : Notre Dame de Lourdes, pour l’actualité, Saint Maurice (vous êtes ici chez vous) et Jeanne d’Arc et les fleurs de lys, pour toujours...
Crypte de l'église de Mainzac Et puis, bien sur, la crypte...
Pourquoi, dans cette « petite » église, mes pensées remontent elles à Chartres, la maison mère de toutes les beautés ? Cette crypte fascine... avec cette ouverture en plein cœur de l’église, et juste sous le choeur... Si petite soit elle, elle est là, à l’origine de tout...divisée en trois parties... et surtout la salle carrée, avec ses deux groupes de petites colonnes jumelles et ses chapiteaux archaïques, soutenant des voûtes d’arêtes. Une occasion unique pour l’homme et le chrétien, de parler directement à ces chapiteaux. Ils en ont vu des choses, depuis plus de mille ans...
Saint Maurice : Et voilà... « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Le Chroniqueur : Tout l’année, mon prince...
Le meilleur chemin, c’est la route de Marthon... Quelques kilomètres de vallonnement boisés, qu’on ressentira différemment... la violette du printemps, ou le blé de l’été vous conduiront à la place du village, où vous attend la charrette bleue, à grandes roues. C’est un très joli premier plan photo qui vous conduit à l’église... Mais je crois que c’est encore mieux en Automne et en Hiver. On la « ressentira » mieux. Les grandes chasses d’octobre, qu’il faut respecter, évoquant les grandes chasses à courre (Saint Hubert est aussi chez lui à Mainzac) vont conduire les chiens mille couleurs jusqu’à l’entrée de l’église.
Et en hiver, pendant les grandes froidures du plateau, on jouera à se faire peur, on évitera de s’arrêter, de peur de trouver quelque bête du Gévaudan, quelques loups de Jacquou le Croquant, ou le loup de Gubbio de Saint François d’Assise, car on n’est pas sur de l’arrêter comme le Saint, en lui disant doucement : « Frère Loup... »
Saint Maurice : Je vois que, plus que jamais, c’est une approche affective qui vous guide dans l’étude de nos églises, et je sais que vous voudriez la faire partager. Mais je ne saurais vous le reprocher à Mainzac puisque, pour la visite technique, tout est écrit.
Le Chroniqueur : On ne se refait pas...
L’Église, toujours mutine : Allons, entrez donc tous les deux, que nous parlions tous les trois de cette idée de transformer Mainzac en un haut lieu de la peinture... La porte s’est refermée. Chuchotements divers....
Rendez vous une autre fois.

Sylvain Deschamps

(1) Pour ce qui est de l’histoire de Saint Maurice, se reporter à l’une des nombreuses « Vie des Saints » et, bien sur, à l’inoubliable n°137 de Tardoire et Bandiat, la revue que vous collectionnez tous...
(2) Le livre le plus récent : « Surcouf, Titan des mers » de Michel Hérubel est toujours disponible et est édité chez Perrin.



Carte de la paroisse Saint Augustin en Tardoire et Bandiat

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