L’EGLISE SAINT DIDIER de MARILLAC LE FRANC.
Le Chroniqueur : Bonjour, Monsieur le Saint !
Saint Didier : Bonjour, Monsieur le Chroniqueur !
Le Chroniqueur : Et si l’on parlait de vous ? Tout de suite !
Saint Didier : Vous croyez vraiment ?..
Le Chroniqueur : Ah ! Oui ! vous n’y échapperez pas. Tout le monde y passe… Que ce soient nos Saints d’envergure nationale et même internationale, comme Saint Pierre, Saint Paul, Saint Martin… ou de renommée plutôt locale, comme Saint Martial et Saint Cybard, sans compter quelques « originaux » méconnus, comme Saint Caprais d’Agris, et, aujourd’hui, vous, Saint Didier à Marillac le Franc.
Saint Didier : Eh bien, allons y !
Le Chroniqueur : Cher Évêque de Vienne, vous êtes né à Autun d’une famille aristocratique alliée à celle des Syagrii. Suivant la tradition, vous avez fait de bonnes études littéraires et vous avez même dépassé « ceux qui étaient savants et avaient une connaissance parfaite de la grammaire ». En 599, vous devenez évêque de Vienne. Là, votre formation vous a conduit à enseigner la grammaire et la poésie et c’est ce que vous reprocha Grégoire le Grand car il ne trouvait pas convenable qu’un évêque puisse faire le métier de professeur et enseigner la littérature antique car « il est impie pour un évêque de mêler dans une même bouche les louanges de Jupiter et les louanges du Christ ».
Déféré au concile de Châlon sur Saône, présidé par l’archevêque de Lyon Aréduis, un ami de la reine Brunehaut, vous vous retrouvez déposé et exilé dans l’île de Lévisio. Relâché, vous revenez à Vienne où vous êtes accueilli avec enthousiasme, mais vous vous attaquez de nouveau à la Reine. Ce sera votre fin. Arrêté dans votre église, vous êtes amené à la villa Priscianac, où vous serez assassiné à coups de pierres et de bâtons. Plus tard votre successeur ramènera votre corps et sur les lieux de votre supplice fera construire une chapelle à Saint Didier sur Chalaronne dans l’Ain. Votre vie a été écrite par le roi wisigoth Sisebut qui voulait en fait faire le procès de Brunehaut. Et vous voilà maintenant «couvrir» un certain nombre d’églises.
Saint Didier : Tout cela est exact, mais, pour plus de détails…
Le Chroniqueur : Je sais… Le devoir de réserve !… Maintenant, si nous parlions un peu de Marillac… Marillac Le Franc, j’y tiens.
Saint Didier : Pourquoi y tenez vous tant ?
Le Chroniqueur : Parce que j’aime les noms au complet. La mode actuelle d’oublier les majuscules, les tirets, de supprimer la ponctuation m’insupporte ! J’aime que l’on dise et écrive : Brive la Gaillarde, Ouzouer le Marché, et Marillac Le Franc. En 1969, le maire de l’époque, André Rambaud a redonné son nom au complet à Marillac Le Franc. Une plaisante tradition ferait remonter à Charlemagne l’attribution du nom, car il aurait accordé des franchises en Angoumois, pour remercier les défenseurs de la chrétienté. Mais des études très sérieuses de Madame Vallée (Étude locale n°15) feraient apparaître la franchise de vendre ses céréales à La Rochefoucauld à Aubert Tison, seigneur de Marillac, et ceci au 14ème siècle. Quoiqu’il en soit, franchise il y a eu, et franchise doit se maintenir sous le nom de Marillac Le Franc !
Sachons aussi, et ici, la présence hypothétique du joli cours d’eau qu’est la Ligone, dont la source est à Yvrac et qui se perd dans des gouffres, un peu au dessus du bourg. Analogie avec la Tardoire et le Bandiat !..
Maintenant, mon cher Saint, venez près de moi et asseyons nous sur ce banc, à l’ombre du marronnier, face à l’église, exactement à l’endroit où a été prise la très belle photo de couverture des Études locales n°14. Et parlons un peu de l’histoire de l’église et de son aspect, extérieur d’abord.
Si je vous dis qu’il s’agit là d’une église romane du 12ème siècle, en remplacement de celle du 11ème, avec un plan en croix latine, et que d’autre part on ne trouve pratiquement rien, pas plus à la Mairie qu’ailleurs, concernant l’histoire de sa construction, vous ne serez pas autrement surpris, n’est ce pas ?
Contentons nous donc d’un descriptif.
A l’extérieur : On a devant nous une façade rythmée de contreforts, percée d’un portail central à trois voussures brisées. Derrière, s'étend une nef unique éclairée par trois baies en plein cintre ouvertes au Sud. Au dessus du portail, la première voussure est agrémentée d’un cordon végétal qui se termine par une tête avec des rinceaux. Les 2 autres rouleaux, nus, retombent sur des colonnettes avec des chapiteaux ornés d’anneaux à la base de la corbeille, et des feuilles aux angles. Au dessus de la fenêtre, à l’entrée, deux petites colonnettes. Un rang de pointes de diamant couronne l’archivolte. On pense que la façade devait être surmontée par un pignon triangulaire car on retrouve des registres de corbeaux dans les parties hautes de la façade. Un clocher carré domine la croisée du transept. Il est percé d’une archère-canonnière à l’ouest alors que des baies en plein cintre assurent l’éclairage de ce côté de l’église.
Maintenant, allons vite retrouver notre charmante église hôtesse qui est impatiente de nous montrer son petit intérieur !
L’Église hôtesse : Bienvenue à vous deux. Je sais bien que je ne suis pas très riche mais je suis de proportions harmonieuses, bien prise, élégante et toute propre. Propreté, cela rime avec Sobriété !
Le Chroniqueur : Évidemment, pas de grande découverte !
Au dessus de nous un berceau de bois couvre la nef qui semble n’avoir jamais été voûtée. La croisée est déterminée par 4 arcs à deux rouleaux légèrement brisés. Une élégante coupole sur pendentifs, mais les bras du transept et leurs voûtes d’arêtes en briques ont été refaits en 1882. Par contre les passages latéraux entre la nef et les bras du transept sont très élégants et ménagent ces zones de recul où l’on peut pratiquement assister à la messe derrière le prêtre. Les chapiteaux de la croisée et de l’abside présentent des motifs décoratifs et des scènes variées : rinceaux, têtes grimaçantes, chouettes, atlantes, crochets divers, tout cela très représentatif du 12ème. Mais au fait, pourquoi un sculpteur moderne n’y ajouterait il pas des bisons, des autruches, des lamas et autres bestioles exotiques qui viennent agréablement folâtrer à quelques centaines de mètres de l’église ?..
Avant de ressortir, saluons la belle chaire à prêcher et un très bel autel en marbre de Carrare acquis en 1900. Retournons donc nous asseoir tous les trois sur « notre banc » et essayons de trouver ce fameux petit « supplément d’âme » que l’on trouve à chaque église.
Saint Didier : Mais, dites moi, là, devant nous, cette jolie fontaine ?…
Le Chroniqueur : Justement. Je pense que c’est là que nous allons trouver notre jointure…
L’Église hôtesse : Ah oui… La fontaine. Je pense qu’elle a fait couler autant d’encre qu’elle ne fait couler d’eau…
Le Chroniqueur : Ne sortons pas de notre sujet. Mais il me semble que sans vouloir annexer cette œuvre d’art (ce qu’à Dieu ne plaise) il faut la regarder avec plaisir d’abord, et avec réflexion ensuite. Survolons les contradictions. Partons de cet homme de Neandertal… et quelle que soit l’approche de la création de l’homme, reconnaissons la présence de l’EAU ! L’EAU que l’ on pourra magnifier à loisir… Elle est là, dans ces carrières, ces grottes du site des Pradelles, ces grottes que l’on trouve sous l’église de Rancogne et tout au long de la vallée de la Tardoire, et tout au long de la vallée du Bandiat, sous l’église de Feuillade… Et puis le temps passe, très vite et très lentement à la fois… Et puis à l’arrière de la statue, apparaît cet arc roman qui relie la fontaine à l’église… On peut ressentir tout cela de différentes façons… On pourrait en parler avec Marc Deligny, le sculpteur. La force de l’œuvre d’art, c’est que chacun peut se l’approprier et c’est pour cela qu’il faut, de toutes façons, remercier l’artiste.
En fait c’est à partir de cette fontaine, et à partir de ce banc qu’il nous faut réfléchir, et, à un certain moment, ne plus réfléchir du tout.
Brassens avait chanté « les amoureux des bancs publics ». Au fait, à Marillac Le Franc comme à Rivières récemment, « catholique » cela rime aussi très bien avec bancs publics !
Sylvain Deschamps
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